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Chapitre 14 Retour sur des détails indispensables à la compréhension

Paul entre dans le bureau de son psychiatre, légèrement tendu. Ils échangent les salutations habituelles avant que le docteur Lamotte ne prenne la parole :

– Bonjour Paul, comment allez-vous aujourd'hui ?

– Bonjour docteur, pas trop mal merci. J’ai toujours des problèmes de sommeil. Je repensé à des événements dont j’ai besoins de vous parler. Tant pis pour la préparation de ma défense, j’ai préféré améliorer la rédaction d’événements de mon historique que je n'ai jamais mentionnés auparavant.

–  Puisque vous avez besoin de me les confier je vous laisse me les lire.

Paul ajuste sa position sur le fauteuil, visiblement affecté par ces souvenirs :

- je suis confus docteur, je vais faire des sauts dans le passé dans ma lecture : « Après le prononcé de la tutelle en avril 2009, je rappelle à Raoul son rôle dans sa cohabitation avec ma mère. En mai et juin, Raoul ne fait toujours rien, même pas les listes de courses, je me démène auprès des services sociaux et des Ehpad pour trouver une place pour ma mère et augmenter l’aide au domicile. Je fais le tour des Ehpad que j’avais contacté en début d’année. Parmi eux la Résidence des Jours Gris, la réceptionniste refuse mon dossier au motif que je n’habite pas à proximité immédiate. Pour augmenter l’aide au domicile j’envoie le rapport du médecin expert qui classe ma mère en GIR 2. Mme Suisse, en charge du dossier de ma mère m’informe que l’aide ne sera que pour un GIR 3. Je ne comprends pas ce refus, je pense que c’était peut-être pour faire faire des économies au département. J’insiste et Mme Suisse me dit qu’elle a d’autres informations sur la santé de notre mère. Je contacte un deuxième organisme d’aide domicile, l’actuel n’ayant plus de possibilités d’interventions. La responsable est très rigoureuse pour le contrat en 9 pages. Le service Aide-à-Rien doit s’occuper des repas, au mois de juillet ils ne viennent qu’une fois en dépit de mes relances. Début août Raoul, le pseudo-compagnon est hospitalisé pour un cancer des poumons. Le 6 août je relance de nouveau l’ Aide-à-Rien pour la surveillance du repas de midi et regarde le porte-monnaie de notre mère et ses provisions. Le 8 août 2009 notre mère fait un malaise et se blesse contre un meuble dans sa cuisine. Elle se traîne jusqu’au palier de l’immeuble et est emmenée à l’hôpital. Le lendemain Je regarde son porte-monnaie et ses provisions, notre mère avait oublié de manger.  Le médecin de l’hôpital lors de la sortie exige un accompagnement 24h/24H. Il me dit que l’examen du cœur n’avait pas eu lieu parce que notre mère avait enlevé le monitoring. Pendant que j'étais avec elle cet après-midi-là elle avait essayé plusieurs fois de l'enlever parce qu'elle le confondait   avec son appareil photo. Le médecin me déclare e que lorsqu'il y a une pathologie il est inutile de regarder les autres pathologies.   Devant ma surprise sur cette façon de soigner il m'explique en me racontant que si un patient a un stimulateur cardiaque dont il faudrait changer la pile et qu’il présente quelques signes de démence, la pile ne sera pas changée.

Je viens vivre chez ma mère et ne demande pas à Morgane de le faire alors qu’elle disait régulièrement que le jour où il y aurait un besoin elle prendrait notre mère et que son mari y tenait. Elle ne se propose pas. J’obtiens un hébergement temporaire aux Les Jardins de la Sérénité du 12 au 26 août 2009. Le 28 août je fais venir un représentant d’Aide-à-Rien pour lui expliquer les conséquences du non-respect du contrat. Il n’est pas du tout désolé et s’abrite derrière le manque de personnel. J’obtiens un hébergement temporaire de quinze jours Au Château du Bel Age pour une entrée le 3 septembre. Un des Ehpad contacté en début d’année et relancé en juin me propose une place permanente. J’informe mes sœurs et fait entrer ma mère au Jardin du Bien-Etre le 12 septembre 2009. La délégation de ma sœur Morgane m’avait autorisé à faire toutes les démarches administratives. Aucune de mes sœurs, tenues au courant de tout, ne fait de remarques. Un incident lors du transfert entre les deux Ehpad aura des conséquences importantes ».

J’interromps alors Paul :

- avant que vous ne repreniez votre lecture, je vous demande de me dire comment vous percevez ces événements aujourd’hui.

– je me souviens d’un appel de l’hôpital pour que je reprenne Raoul au domicile de ma mère. J’ai refusé en insistant sur le danger que représente une bouteille à oxygène dans l’appartement d’une malade d’Alzheimer. J’avais coupé le gaz ainsi que cela est recommandé. Je ne voulais pas m’occuper de cet homme qui avait passé sa vie à manipuler ses semblables. Je me doutais qu’il allait rebondir. Perçu comme le plus gentil des malades il a été placé dans maison de retraite sans n’avoir rien à faire. Il y est décédé en décembre. Quant à Mme Suisse j’ai appris par ma sœur en 2013 que l’autre source d’information était Morgane. Les deux Ehpad temporaire m’ont appris beaucoup sur les procédures. Celles de la Résidence des Jours Gris sont beaucoup moins sérieuses. Je vous ferai plus tard un comparatif entre La Résidence des Jours Gris et Les Jardins du Bien-Etre. Je reprends ma lecture : « Morgane me téléphone après chacune de ses visites à notre mère pour critiquer l’Ehpad et en particulier Mme Pagaille la cadre de santé qu’elle accuse d’exercer la fonction sans les diplômes nécessaires.  En novembre 2009 mon épouse reçoit un coup de téléphone de Mme Pagaille alors que je suis en route pour la Haute-Savoie. Morgane veut imposer son point de vue sur la façon de s’occuper de notre mère. Elle fait partager son point de vue notre sœur Cara. Elle raconte qu’un visiteur et qu’une infirmière lui ont dit que notre mère que notre mère ne devrait être dans ce service. Le personnel des Jardins du Bien-Etre me fait confiance alors Morgane n’ose pas demander un changement de service. Comme elle l’obtient pour une tante de son mari. Cette dame est réellement démente,  peu après le changement elle débranche les instruments qui maintiennent en vie deux résidentes. Les infirmières interviennent à temps ».

 Je hoche la tête pour encourager Paul à poursuivre. Il croit que je veux un commentaire :

- lors de ses événements-là j’aurais pu faire attention à ce qu’ils révélaient de la personnalité de ma sœur. Elle se montrait langue de vipère et excellente manipulatrice. Elle croyait mieux connaitre que les soignants l’état de santé de la tante de son mari. Elle a agi sans réfléchir aux conséquences.

 – Ce constat que vous faites maintenant doit être dur à supporter. Que pensez-vous de votre comportement d’alors ?

– J’étais beaucoup trop indulgent, d’une naïveté grave. Je m’en veux de n’avoir pas accepté de voir ce qui était sous mes yeux.  Je continue ma lecture : « Le 18 mars 2011, je rencontre dans l’Ehpad, Morgane et nous nous essayons avec notre mère. Je lui montre des photos de mes petites-filles. Notre mère demande dix fois de qui elles sont les filles. Nous reconduisons notre mère à la grande table où elle discute avec les autres malades d’Alzheimer qui sont comme elle capable de s’exprimer clairement. Nous retournons dans la salle commune, Morgane ma dit tu as vu comme maman va bien. Comme j’avais rencontré le chirurgien qui devait opérer ma mère, je demande la date la consultation de l’anesthésiste auprès d’une infirmière. Elle répond la consultation a eu lieu en visioconférence à cause de la Covid et votre mère sera opérée demain. Morgane qui a tout entendu, ne dit rien. Le lendemain elle m’appelle affolée pour me dire que notre mère a fait un arrêt cardiaque en salle d’opération, qu’elle a été réanimée et part pour un autre hôpital. Cara m’appelle pour me dire qu’elle a pris des nouvelles et qu’une infirmière lui a répondu que notre mère allait bien et parle de ses enfants. Morgane me raconte son entretien avec l’anesthésiste, il était gêné mais ne reconnaissait pas qu’il avait commis une faute. Elle critique l’hôpital les médecins qu’elle juge incapables de regarder un dossier ».

Paul s’interrompt, j’interviens :

- cet événement a dû être très éprouvant pour tous que pouvez m’en vous dire avec ce que vous avez appris depuis ?

– Morgane n’a pas supporté et a commencé à se raconter des histoires. Elle a reproché à l’anesthésiste d’avoir injecté de la xylocaïne alors que sa mère est allergique à ce produit. Cette allergie n’a pas été prouvée elle est probablement imaginaire.  J’ai cherché les symptômes de cette réaction allergique. Dans le pire des cas il se produit une réaction anaphylactique, c’est-à-dire une difficulté respiratoire pouvant provoquant un évanouissement mais pas d’arrêt cardiaque. Par ailleurs Morgane avait déjà assisté à un arrêt cardiaque de notre mère sous le coup d’une forte émotion, arrêt bref car j’ai réanimé facilement notre mère.

– Je vous comprends, Paul. C'est important pour vous d'en parler. Ce sont des souvenirs douloureux. Pensez-vous que cela a un lien avec ce que vous ressentez aujourd'hui dans vos relations avec vos sœurs ?

Paul réfléchit un instant avant de répondre 

– Oui, j’en suis sûr car ma sœur a utilisé ensuite son récit de cet événement comme base de ses mensonges pour remonter toutes les personnes qu’elle rencontrait contre moi. A l’entendre j’aurais caché l’allergie de notre mère pour qu’elle meure. Morgane persuadé que j’en voulais à notre mère, s’est mise à me faire la guerre. Je vous ai parlé de certaines procédures.

– Même si ce n’était pas celui que j’attendais, vous avez fait un bon travail aujourd'hui, Paul. Je vous encourage à continuer d’explorer ces émotions et à en parler. La guérison viendra avec le temps. Je vous prescris de quoi dormir, vos insomnies vont vous faire perdre la mémoire.

– Merci, docteur. Je ressens déjà un peu de soulagement rien qu'en en parlant. Je suis maintenant demandeur d'une aide pour dormir car je résiste difficilement à la consommation d'alcools forts. Je dois accepter les médicaments, l'écriture ne me suffit pas.

Je me lève pour raccompagner Paul :

– Prenez soin de vous, Paul. Nous nous reverrons la semaine prochaine pour examiner vos souvenirs ensemble. voilà mon ordonnance.

Paul quitte le cabinet, le pas un peu plus léger.

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