Un touche de philosophie sous Alzheimer
Pour avoir une peu temps avant les soins j’ai appelé ma mère vers 7h50. Voici notre dialogue suivi d'un commentaire :
- Bonjour maman, comment ça va ?
- presque bien, ma chérie, mais pas entièrement.
- Ah bon ? C'est moi, Gilles, qui te parle.
- Ça me fait plaisir, je suis contente de savoir que tu vas bien.
- Moi aussi, sinon, au niveau physique, comment te sens-tu ce matin ? As-tu des douleurs ?
- Pas vraiment de douleurs, non. Je réfléchis à ce que je dois faire ou pas, mais je prends les choses comme elles viennent.
- Oui, c'est une sorte de philosophie.
- Oui, comme ça, je ne m'inquiète pas trop.
- Tant mieux alors.
- Je n’ai pas beaucoup de choses à faire, donc je prends mon temps.
- Ça me fait plaisir de t'entendre comme ça.
- Tu sais, je ne suis plus toute jeune, mais j'aime avancer.
- C'est bien Maman de voir les choses ainsi
- Oui, c'est vrai, je me sens à l'aise comme ça.
- Je suis content de te savoir sereine, maman. J'aimerais que tu sois heureuse.
- Je ne suis pas si malheureuse, j'ai un lit et c'est déjà bien.
- Oui, tu as des choses pour décorer ta chambre ?
- Oui, j'ai des choses.
- Je sais, que tu as des photos de tes petits-enfants qui sont précieuse pour toi.
- Exactement.
- Les enfants grandissent vite, les petites en photo au-dessus de ta table de nuit viennent d’avoir quatre ans.
- Oui, oui, je m’en souviens.
- J'aime parler avec toi
- Oui, moi aussi.
- Maman, tu te contentes de ce que tu as, c'est une belle qualité.
- Oui, il faut savoir se satisfaire de ce qu'on a.
- C'est vrai, et ça peut faire une bonne journée.
- Oui, c'est important de penser comme ça. On risque d'avoir du soleil aujourd'hui.
- Oui, ça fait du bien.
- Maman, est-ce que tu as faim maintenant ?
- Peut-être un peu.
- D'accord, je vais te laisser pour que tu puisses aller déjeuner.
- Je t'embrasse fort, embrasse bien ta femme de ma part.
- Je t'embrasse aussi maman, je pense fort à toi.
- Moi aussi, ma chérie.
- Passe une très bonne journée ! Au revoir.
- Au revoir mon fils.
Ce matin c’est très différent des autres matins. Ma mère ne dit pas qu’elle est perdue, qu’elle ne sait où elle est. A aucun moment elle ne parle de son ennui et de sa volonté de mourir. Cache-t-elle ses désarrois ? Ou est-elle dans une période d’acceptation de son sort comme cela arrive de loin en loin. La précédente était de juillet 2024, elle est aussi sur mon blog. Amis lecteurs si vous avez un proche atteint d’Alzheimer, vous me feriez plaisir en partageant votre expérience de la maladie sur mon blog.