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Chapitre 8 Présumé coupable

La porte et le rideau insonorisant à peine franchis par Paul je l’accueille :

-  Bonjour, comment allez-vous aujourd'hui ?

- Pas très bien, docteur. J’ai bien dormi cette nuit mais cela n’a pas été le cas pour toutes les nuits, ces derniers temps. 

- Je vois. Avez-vous des soucis nouveaux qui vous trottent dans la tête ?

-  Oui, j’ai d’abord repensé à l’ensemble de mes problèmes récents. Puis il y a eu du nouveau, un incident dont je ne vous ai pas parlé qui vient d'avoir une suite. La gendarmerie m’avait laissé une convocation il y a trois mois. Je devais téléphoner pour prendre un rendez-vous. Je n’étais pas libre pour la seule disponibilité de l'enquêteur. Il a été décidé que je serais appelé lorsque le dossier serait traité. J'ai seulement appris qu’il s’agissait d’un différend avec une de mes sœurs. J’ai pensé à Morgane et j’ai fouillé dans ma mémoire. Le plus vraisemblable était qu’un membre du personnel de l’Ehpad m’ait entendu répondre aux questions de notre mère par la vérité et ait rapporté mes propos à Morgane car j'avais cité son nom. Je croyais qu'elle me poursuivait pour diffamation, elle m’en avait déjà menacé à tort un jour où elle avait mal compris et s'était vexée à cause de sa susceptibilité que je trouve maintenant pathologique.

-  Cela a pu perturber le sommeil, vos astuces ne vous ont pas aidé alors ? Et la nuit passée ?

-  Si un peu avant, hier soir j’éprouvais un certain soulagement, je me disais qu’une audience allait mettre fin à tout ce bazar. La télévision m’avait appris qu’il y avait 2 700 000 plaintes en attente. Vu les bêtises écrites dans les procédures par l’avocate de Morgane, j’étais sûr que cette plainte, probablement incohérente, était tout en bas de la pile. Je suis resté déçu pendant des mois, plus de perspective de fin, des très mauvaises nuits avec des ruminations que je m’efforçais de transformer en recherche de solutions. J’en ai choisi une, assez logique, le premier délit de Morgane serait prescrit l’année prochaine, il faut qu’il soit connu de la justice avant. En déposant une main-courante contre ma sœur, je laisse une trace des événements. J’ai donc préparé un texte avec tout ce que je pouvais reprocher à Morgane. Je vous le lit :

« Je reproche à ma sœur Mme Moreau Morgane domiciliée 25 rue Monge à Privas d’avoir :

De 1991 à 2008 pratiqué l’abus de confiance à mon encontre.

De 2005 à 2008 empêché les soins indispensables à notre mère.

De mars à octobre 2011 manipulé Mme Miellet pour lui faire accepter des dérogations à leur procédure.

De toujours jusqu’à 2012 tout fait pour se montrer admirable aux yeux Mme Martin ce qui lui a permis à partir de 2009 de la manipuler pour qu’elle l’aide à me harceler et face à sa place les formalités. Mme Moreau m’a même dit un jour Cara je lui fais faire ce que je veux.

Simulé un grand désespoir pour détourner mon attention de ses actions et fait entendre à Mme Martin des propos de M Moreau : « je vais donner un couteau à ton frère pour qu’il tue ta mère puisqu’il trouve que l’Ehpad ne la tue pas assez vite ». Ainsi le couple Moreau m’a empêché de réagir.

Pas respecté le jugement de mise sous tutelle de notre mère en la changeant d’Ehpad sans mon accord en octobre 2011 en mettant devant le fait accompli à chaque étape.

Fait une demande de d’ASH sans mon accord tout en se vantant d’avoir obtenu des financements du département pour la mère de son mari avec des fausses déclarations y compris pour ne rien rembourser au département lors de la succession à plus 400 000 €.

Diffamé ma personne auprès du personnel lors des 39 visites à notre mère en moins d’un mois et demi où ils se mettaient bien en vue pour montrer combien ils sont admirables. Je passais pour un mauvais fils puisque je venais peu conformément à notre accord de ne pas aller en même temps voir notre mère afin qu’elle ait plus de visites.

Fait faire un faux témoignage au personnel de l’Ehpad pour l’audience déclenché par ma demande de conseil face au nom respect d’un jugement.

Manipulé la direction de l’Ehpad, le médecin de l’Ehpad, le médecin de notre mère et la tutrice pour qu’ils prennent parti pour elle.

Fait faire un deuxième faux témoignage à la tutrice pour l’audience à la cour d’appel, témoignage lu rapidement par le président et qui m’a été communiqué après le jugement.

Fait enfreindre le contradictoire par son avocat.

Fait perdre ma position de personne de confiance de ma mère sans que je sache avant l’audience ce qui m’était reproché. Le reproche de Mme Moreau était mensonger et elle le savait puisqu’elle était avec moi quand j’ai appris que je ne verrais pas l’anesthésiste qu’elle m’accusait d’avoir mal informé.

Fait supporter à sa famille des charges dues à sa seule volonté pas loin de15 000 €.

Menti au tribunal en fournissant un document de 2005 pour justifier un montage fiscal de 2002 qui leur avait permis de se vanter d’avoir profité d’avantages réservés aux bas revenus.

Aujourd’hui notre mère souffre à cause des manœuvres de ma sœur Mme Moreau. Sa vie a été mise en danger deux fois, la hernie à l’extérieur du corps de notre mère le montre et il y a une analyse qui prouve sa dénutrition en plus de mes photos du tensiomètre et du pèse personne.

Mme Moreau continue à commettre des actions puériles qui nuisent et notre mère et a déposé une plainte contre moi probablement parce que j’ai dit la vérité ».

Mon patient replie ses papiers et se redresse. Il a l’air satisfait de lui-même. Il enchaine :

- A l’accueil de la gendarmerie on m’a demandé ce que je voulais. J’ai dit déposer une main-courante. La question suivante était : s’agit-il d’un délit ? Mon oui m’a permis d’entrer attendre qu’on regarde mon problème. Introduit dans un bureau, j’ai lu mon texte. Le gendarme m’a expliqué qu’une main-courante n’apporterait rien mais que mon texte serait transmis à l’officiel qui s’occupe de la plainte à mon encontre.

J’ai reçu un appel de la gendarmerie peu de temps après, j’ai accepté le jour et l’heure, pas question de louper cette deuxième occasion de savoir. J’avais un délai et le motif de la plainte : le harcèlement. Alors je me suis mis au travail, j’ai planifié mes journées avec ma fiche journalière et préparé 5 dossiers, voulant être capable de fournir des preuves dans différents domaines.

- Je suppose que votre meilleure provient de votre convocation d’hier car c’est bien hier que vous avez été interrogé ?

- C’est vrai hier j’ai été auditionné à la Gendarmerie. Le chef m’a fait pénétrer dans son bureau puis m’a expliqué le déroulement de la procédure, empreintes, photos, mes droits et avocat. Je demande au début la durée prévue de la procédure : 2 heures. Chouette ! j’aurai le temps de détailler. Après un changement de bureau, j’atteste qu’on m’a mes lu mes droits et que je ne demande pas d’avocat. Puis on passe à l’audition, ce sont des questions courtes et claires auxquelles il faut faire une réponse concise car les réponses sont résumées avec mon accord. Zut je m'étais trompé ; il ne faut pas de détails.  Bien que cet exercice ne me soit pas naturel, j'ai assez bien répondu. A la question avez-vous envoyé des mails à Mme Moreau j'ai répondu : « oui j'ai envoyé 29 mails en 5 ans dont 4 le même mois qui étaient pour protéger ma sœur, je pensais alors à l'article 40, j'avais peur qu'elle et son mari soient dénoncés au procureur ».  J'ai oublié de dire que les 3 premiers courriels du mois étaient des demandes de médiation sans réponse. Une insistance pour obtenir une réponse est-elle vraiment un harcèlement ? J'ai pensé à mentionner les 200 traces sur mon téléphone liées à son numéro et à ceux de notre sœur Cara qui, manipulée, l'a aidée à me harceler pour me faire remettre le dossier que j'avais fait pour faire entrer notre mère en Ehpad. Comme le jugement de la mise sous tutelle était obligatoire dans le dossier. L'inscription de notre mère ne serait pas possible sans ma signature. J'avais donc cédé. Grosse erreur, la responsable de l'enregistrement des dossiers n'a pas lu ou bien manipulée par Mme Moreau a accepté le dossier.

-  Stop vous repartez en digression revenez à l'audition. Comment a-t-elle fini ?

- bien, je ne me suis pas senti frustré de ne pas avoir pu entrer dans les détails car il est bien inscrit que je remets 5 dossiers. J'aurai peut-être dû ajouter "pour être joints à la procédure". Logiquement ils le seront mais ils ne seront peut-être pas lus. Mon innocence et les délits de Morgane sont argumentés avec de très nombreuses preuves. Il y a une grosse inconnue, de combien temps disposera le procureur pour lire ? Il est aussi enregistré que je ne porte pas plainte mais que je m'en réserve le droit. J'aurais dû demander si cela prolonge le délai de prescription.

- revenons au vrai sujet ! Je dois vous soigner vous, pas votre sœur et pas non plus la justice. Comment vous sentez-vous après cette audition qui vous a probablement éclaircis les idées ?

- Je l'ai dit au gendarme que cela m'a fait du bien. Pour notre prochain rendez-vous nous aurons beaucoup de travail pour m'éviter de gaffer. Avec ma tournure d'esprit originale, je me suis provoqué beaucoup d'ennuis. A mon âge il est temps d'apprendre à bien gérer mes relations.

- Continuez à vous vider la tête avec vos écrits. Cela vous aide assez pour que notre prochaine rencontre n'ait lieu que dans quinze jours.

- J'ai conscience que ces écrits je ne devrais les faire que pour me soigner mais j'aime partager mon expérience pour éviter à d'autres de commettre les mêmes erreurs que moi. J’ai envie de faire de cette longue histoire un livre. J'ai beaucoup appris par les livres.

-   Je déroge à mes habitudes en faisant une exception pour vous, je vous accorde plus de temps mais nous devons terminer.

Paul s'en va. Je l'ai motivé à écrire.  Il va se soigner en partie ainsi et surtout nos séances ne seront plus polluées par des flots détails et seront plus ciblées sur ses réactions, sa façon de prendre les choses. Il est toujours dépressif d'où son besoin de parler. Il incommodera moins ses interlocuteurs car il aura déposé ses souvenirs encombrants sur le papier et me les aura racontés. Il sera alors plus présent aux autres en parlant moins et en écoutant mieux. Il sera moins obsédé par les problèmes dus à sa sœur.

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